Plus connue sous le nom de Maria Felix, La Doña est l’une des figures centrales de l’âge d’or du cinéma mexicain.
Maria Felix est née à Alamos, dans l’état de Sonora, au Nord du Mexique, d’un Indien Yaqui et d’une descendante d’Espagnol. Son père est propriétaire d’un modeste ranch, d’où sont amour pour les chevaux. Petite fille, elle préfère grimper aux arbres et rivaliser avec les garçons, plutôt que d’apprendre la broderie et les prières.
A 16 ans, elle est élue Reine de Beauté de sa province et échappe à l’emprise parternelle en épousant Enrique Alvarez qui passait par là.
Elle le quittera, non sans qu’il lui ait fait le plus beau cadeau du monde.
Enrique Alvarez Felix sera l’ enfant unique de La Doña. Il deviendra, lui-même, acteur et ne cessera de collectionner photos et souvenirs de sa mère.
Augustin Lara, “l’homme à la voix d’or”, grand mythe de la chanson latino-americaine, est son deuxième époux. Il composera, en son honneur, en 1947, “Maria Bonita”, qui deviendra un autre de ses surnoms.
Jorge Negrete, gloire de la chanson et du cinéma mexicain, devient son troisième mari, en 1952. Ils s’étaient rencontrés dix ans auparavant, sur le tournage “Le Rocher des âmes perdues”, non sans heurt ! Car, entre temps, Maria Felix est tout simplement devenue actrice. Jorge Negrete, que l’on dit aussi laid que séduisant, a fait tapisser la chambre de leur rendez-vous de pétales de roses.
Elle épouse, après, Alex Berger, un financier français qui lui offrira ses chevaux de course, ses bijoux.
Elle a aussi vécu un amour passionné avec Suzanne Baulé, dite Frede, qui dirigeait alors “Le Carrolls”, un cabaret de la rue de Ponthieu. Leur idylle s’achèvera en procés.
Elle passera la fin de sa vie en compagnie du peintre Antoine Tzapoff, entre Paris et Mexico.
Elle sera la vedette de 47 films, elle tourne au Mexique, en Argentine mais aussi en France et en Italie. Elle aura pour partenaires européens : Jean Gabin dans “French Cancan” de Jean Renoir, Yves Montand dans “Les héros sont fatigués”, Gérard Philippe dans “La fièvre monte à El Pao” de Buñuel, Vittorio Gassman dans “La courrone noire” de Luis Saslavsky, sur une histoire de Jean Cocteau.
Les films mexicains dont elle est la vedette s’intitulent: “La Devoradora”, “La Mujer de todos”, “La Mujer sin alma”, “Doña diabla”, “La Bandida”, “La Belle Otero”, “La Pasión desnuda”.
Dans ses films, elle a toujours représenté les femmes fortes, fières, hautaines (Ah ! ce sourcil gauche !).
Lors d’une interview, elle déclare : “On admirait ma beauté et mon intelligence, je n’étais qu’une femme avec un coeur d’homme. Une guerrière.”
D’où un autre de ses surnoms : La Caballera.
Avec elle, la réalité et la fiction se confondent. Elle incarne la passion, l’érotisme, un magnétisme certain. Pour parfaire le mythe, La Doña s’est éteinte dans sa maison de Polanco, à Mexico, en plein sommeil, le jour de son anniversaire. Elle avait 88 ans.
Avec cette histoire, il faut espérer le retour de ces femmes que l’on voit, sur lesquelles l’on se retourne, qui vous hypnotisent.
Avec elle, c’est aussi le retour de la fameuse expression “qui peut le plus, peut le moins”. On l’a vue porter des vêtements folk mais aussi de la Couture, toujours chapeautée et couverte de bijoux. Elle a créé sa propre mode avec une liberté totale et un naturel désarmant.
N’est-ce pas cela l’élégance ?
J’aurais aimé qu’elle s’approprie certaines de nos créations avec sa propre imagination.
N’est-ce pas cela la Haute Couture ?
Les Sorbier